C’est un sentiment de confusion qui me traverse au moment d’écrire cet édito. À l’aube d’un second mandat de notre Président de la République, après une campagne électorale où la vie associative n’aura pas existé dans le débat présidentiel et avant de laisser la charge à quelqu’un.e d’autre de poursuivre l’aventure de la vie associative à l’AGLCA.

Il est peut-être venu le moment de vous partager les éléments qui ont été marquants pour moi ces 5 dernières années.

Au printemps 2017, le Réseau National des Maisons des associations, alors co-présidé par l’AGLCA, avait sollicité une rencontre avec l’ensemble des candidats d’alors. Seul le ministre de l’économie de l’époque avait accepté la rencontre basée sur 12 propositions. Je vous propose de prendre quelques instants pour vous partager un bilan amer de quelques sujets abordés à l’époque.

  • S’engager contre toute atteinte à la liberté d’expression : 2022 aura été l’année du Contrat d’Engagement Républicain, vécu par le monde associatif comme une restriction du droit d’association. Ce contrat imposé par l’état est venu remplacer la Charte des engagements réciproques qui se donnait pour modalité le partenariat, le dialogue et la co-construction.
  • Donner à la politique associative toute sa place au gouvernement. En effet, si en début de mandat la vie associative avait un secrétaire d’état chargé de son administration, celui-ci est bien vite devenir porte-parole du gouvernement pour que la vie associative ne se perdre au sein de l’éducation nationale, sans secrétaire d’état. Au niveau local, je ne peux que déplorer des services de l’état trop sous dotés qui n’ont pas le temps de s’occuper de la vie associative. Cela a pour effet une perte sèche de financements pour la vie associative aindinoise, quand d’autres territoires plus équipés peuvent s’inscrire dans ses dispositifs d’action publique. La priorité étant donnée à apprendre à nager et faire du vélo, le reste de la vie associative est oublié.
  • Donner accès à l’engagement : Le développement du service civique et du Service National Universel n’a, à ce jour, pas rapproché la jeunesse de la vie associative.
  • Porter une politique structurante d’accompagnement et de soutien à la vie associative : elle se résume à la mise en place du FDVA2, vraie réussite, source indispensable de financement pour les petites associations de nos villages. Le dispositif guide asso, qui vise à développer l’accompagnement des associations en proximité sur les territoires, peine à sortir.
  • Rendre visible la vie associative : sans commentaire.
  • Faire vivre les dynamiques européennes de l’engagement.
  • Faire des nouveaux indicateurs de richesse la référence des politiques publiques.
    Et
  • Créer les conditions favorables au développement des activités économiques d’intérêt général.
    Et
  • Favoriser le financement d’une économie plus juste et durable : ce mandat aura été celui où le monde associatif s’est raccroché à la circulaire Valls indiquant que la subvention pour les associations doit être la règle là où les collectivités ont été bien souvent contraintes à détruire des associations locales en passant des marchés publics avec des grosses machines nationales pour reprendre des services aux publics assurés depuis toujours par nos petites associations locales. Plus que jamais, ces 5 années auront été celles de la mise en concurrence rude des associations entre elles et face au secteur marchand.
  • Renouveler les processus de concertation et de décision avec les citoyens et les associations
    Et
  • Renforcer le rôle des assemblées de la société civile organisée.
    Et
  • Renforcer le dialogue civil européen : je laisserai à chacun sa libre appréciation de la convention citoyenne pour le climat, résultante des cahiers de doléance des gilets jaunes, et la place donnée au monde associatif dans ces espaces-là.

En me lisant, vous avez bien évidemment en tête les dernières grandes mesures pour la vie associative annoncées en novembre 2019. Il semble qu’elles n’aient pas réussi à changer le quotidien des associations.

Il faut reconnaitre la mise en place du Fond de Développement à la Vie Associative 2, pris sur le budget de la réserve parlementaire, qui est à ce jour le principal appel à projet pour soutenir le fonctionnement et les projets des petites associations locales.

Il faut reconnaitre aussi les exonérations de cotisations sociales pendant la crise COVID et le maintien de nombreuses subventions sur la base des projets 2019, qui ont permis au monde associatif d’être toujours debout. Période où les acteurs de la vie associative ont lutté durement pour que l’ensemble des dispositifs d’urgence, mis à disposition des entreprises, le soient aussi pour les associations employeuses d’au moins une personnes par commune dans le département l’Ain (soit 10% de l’emploi privé).

De bien maigres satisfactions face à l’échec du Compte d’engagement citoyenneté, des nouveaux postes FONJEP dont le département de l’Ain n’a pas vu la couleur, de la défiscalisation des dons des TPE PME jusqu’à 10 000 euros qui n’a pas permis une augmentation significative du mécénat, de l’élargissement d’Impact Emploi de 10 à 20 salariés qui n’est toujours pas mis en place.

Aller ! Une dose d’indignation chère à Stéphane HESSEL pour mieux poursuivre notre engagement, notre combat pour une vie associative dynamique, témoin d’une société plus fraternelle. Quant à moi, je poursuis ma route professionnelle avec les associations de l’autre côté de la Saône mais poursuis mes engagements associatifs en Bresse.

Associativement,

Loïc BASSET BOUGAIN